Pour conclure cette période, qui aura été l'occasion pour moi de voir ressurgir et de partager tant d'émotions anciennes, une dernier souvenir.
Lorsque j'avais 24 ans, un peu avant le milieu des années 90, je commençais modestement à travailler dans le domaine artistique qui m'a occupé et fait vivre depuis. J'étais plein d'interrogations sur moi, sur mes capacités créatives, sur ce qu'il fallait fouiller en soi ou révéler de soi pour produire des œuvres intéressantes. J'étais, bien sûr, profondément travaillé par les fantasmes que nous partageons tous, ici, sur ce forum. J'avais déjà fait quelques sessions dont j'ai eu l'occasion de parler, avec notamment un voyage mémorable à New York.
J'avais une petite amie stable, connue dans le cadre de la pratique artistique évoquée, une belle et brillante jeune fille dont j'étais très amoureux et avec qui je partageais beaucoup.
Mais la passion des femmes fortes m'occupait, malgré tout.
Je me suis donc dit qu'il fallait, peut-être, utiliser mes fantasmes pour produire des œuvres vraiment personnelles. J'ai réfléchi, tiraillé, déjà, entre l'envie d'assumer ces fantasmes, et celle de les préserver, comme un jardin secret.
Influencé par cette idée que les grands artistes travaillent toujours à partir de leur inconscient et de leurs fantasmes, je me suis dit qu'il fallait que j'essaie de créer à partir de ma viragophilie. Je me suis mis au travail, mais désireux de ne pas trop m'exposer, j'ai choisi deux champs artistiques voisins, mais distincts de celui dans lequel je m'étais formé et commençais à travailler. J'ai donc écrit pour l'un ce qu'on appelle une note d'intention très détaillée, une description du projet, et pour l'autre une note d'intention plus la base du projet lui-même. Ces deux ébauches n'étaient sans doute pas extraordinaires, mais je n'en étais pas mécontent, j'ai commencé à croire à leur intérêt et leur faisabilité, je les ai retravaillées... et je me suis dit, très vite, que pour rechercher des partenaires et des financements, il fallait que ces projets soient incarnés : que je trouve pour chacun d'eux la fille qui participerait (seule pour l'un des projets, avec d'autres personnes pour l'autre) à ces travaux et serait même au cœur de leur réalisation.
L'un des projets demandait la participation d'une femme très grande, l'autre d'une femme très musclée.
J'ai donc envoyé les projets à un certain nombre d'organismes, je ne les ai plus tous en mémoire. Cela allait de la fédération française de basket à la revue Le Monde du muscle, en passant par l'INSEP, et beaucoup d'autres encore. J'ai relancé ces institutions, certaines m'ont rappelé d'elles-mêmes. Et j'ai commencé à rencontrer une multitude de femmes très grandes et de femmes très musclées. Chaque rencontre en occasionnait d'autres ("Ah, j'ai une copine qui est passée par l'INSEP et qui a arrêté le basket mais elle mesure 1,96m, elle est super, elle adore l'art, elle peint, en plus, vous voulez son numéro ?").
Je faisais tout ça en secret, sans en parler du tout ni à ma compagne, ni à aucune des personnes avec qui je travaillais, ni à mes amis.
Cela se passait généralement en deux temps : des rendez-vous rapides, parfois collectifs (notamment à l'INSEP), et pour les filles qui semblaient intéressantes et intéressées, une autre rencontre plus longue, parfois davantage, des essais etc.
Je ne peux pas cacher que je me régalais en faisant ça. J'avais payé des sommes qui étaient très importantes pour moi, à l'époque, pour faire des sessions et rencontrer toutes ces filles sans que ça ne coûte rien me procurait un certain vertige.
Néanmoins, ne fantasmez pas trop sur ces rencontres ! J'étais désireux de me montrer très professionnel, malgré mon jeune âge, et si les personnes étaient bien conscientes qu'il fallait jouer sur leur image, leur corps, leur force, leur taille, je devais rester très en retrait. J'ai par exemple rencontré beaucoup de bodybuildeuses qui venaient à un rendez-vous avec leur conjoint, lui-même bodybuilder, ce qui ne mettait pas vraiment en situation de réalisation d'un fantasme !
J'avais surtout le plaisir démesuré, avant qu'internet donne accès à (presque) toutes les informations, de découvrir et rencontrer toutes les femmes les plus grandes de France et toutes les femmes les plus fortes du pays. J'adorais ce caractère presque exhaustif (qui serait beaucoup moins fascinant aujourd'hui, au temps d'Insta****).
Les projets étaient très sérieux dans mon esprit, j'y croyais, je les peaufinais, mais je n'ai finalement jamais réussi à aller au bout de leur réalisation, faute peut-être d'avoir rencontré les filles "parfaites" pour y travailler avec moi, par peur aussi, sans doute, de révéler "au monde" mes fantasmes les plus intimes. Je dois avouer que j'ai continué à envoyer la proposition et à rencontrer des possibles partenaires alors que ma croyance commençait à s'émousser... ce qui montre bien que, même si c'était bien loin du plaisir que pouvait représenter des sessions, je trouvais une satisfaction dans toutes ces rencontres elles-mêmes, indépendamment de la concrétisation des projets et malgré le temps que cela me prenait.
Les plus mémorables concernent quelques basketteuses et volleyeuses très grandes (je n'avais pas encore rencontré d'"amazones" dans mes sessions, ça avait donc un caractère de nouveauté, et mon dieu, que certaines volleyeuses étaient belles)...
...mais aussi une haltérophile poids lourds dont les initiales étaient S. I. et qui était bien sûr d'une puissance sidérante (à tel point que je l'ai rencontrée pas mal de fois, sa force permettait d'inventer des choses supplémentaires, elle était très motivée par le projet que je lui proposais... mais j'ai dû me rendre à l'évidence : elle n'avait pas le profil ni toutes les armes requises)...
... ou encore, celle dont le nom et les photos ont figuré sur la seule version de mon dossier que j'ai envoyé à quelques partenaires (un dossier en anglais envoyé notamment à une galerie d'art new-yorkaise très réputée pour la performance et le body art dans ces années-là) : la soeur d'un 2e ligne international de rugby de l'époque, presque aussi grande et lourde que lui, passée par l'INSEP comme lanceuse, à qui on promettait un avenir olympique et retirée du sport de haut niveau du fait de blessures récurrentes alors qu'elle était encore toute jeune.
Cette fille aurait explosé le "marché" des sessions tellement elle était grande, belle et forte.
J'ai fini par renoncer, après deux ans environ. Mes autres projets avaient avancé plus vite, je manquais de temps, j'avais commencé à m'accomplir dans mon travail artistique... et sans rien dévoiler de mes fantasmes ; je crois que j'étais très content ou au moins soulagé de tirer un trait sur tout ça, même s'il y a toujours un deuil à faire quand on a porté un projet et qu'on doit admettre qu'il ne voie pas le jour.
Il était dit que mes fantasmes resteraient MON secret.
J'en viens à l'anecdote par laquelle je voulais finir et pour laquelle j'ai raconté tout ça.
C'est dans ce contexte que j'ai rencontré une bodybuildeuse qui vivait dans le sud de la France. Je l'ai eu au téléphone plusieurs fois, je lui ai envoyé mon projet, on avait bien accroché, elle m'avait même écrit un petit texte très intéressant en réponse à ma proposition et à mes propres écrits. Nous avons également co-écrit un texte publié sous pseudo dans la revue Athena2.
Bref, elle était d'assez loin la fille avec la créativité et l'intelligence la plus aiguë parmi toutes celles que j'avais rencontrées. On était en contact depuis quelques semaines sans s'être rencontrés lorsqu'elle me prévient qu'elle doit passer deux jours à Paris. On fixe donc un rendez-vous, et faute d'autre endroit, ce rendez-vous devait avoir lieu chez moi. J'habitais un studio, dans le 9e arrondissement. La bodybuildeuse m'appelle dans la matinée, alors que notre rendez-vous avait lieu dans l'après-midi. Elle m'explique que le plan logement sur lequel elle comptait ne marche plus et me demande si je peux l'héberger pour une nuit. Elle n'avait pas envie de payer pour un hôtel si elle pouvait trouver une autre solution. Je lui explique que je n'ai qu'un canapé convertible (devenant un lit double), mais que si ça ne lui pose pas de problème, elle est la bienvenue. J'appelle alors ma petite copine et la baratine en lui disant qu'il fallait que je travaille une partie de la nuit sur un texte à rendre le lendemain et qu'on ne pourrait pas se voir. Nous n'habitions pas ensemble, ça simplifie les choses.
La bodybuildeuse arrive donc et nous discutons, travaillons sur le projet, faisons quelques tentatives. Intéressantes. Elle était avec l'ex lanceuse dont j'ai parlé celle qui aura été le plus près de faire exister mes projets.
On conclut la séance, on se fixe un calendrier pour faire avancer les choses, et puis la soirée commence.
On discute de plein de choses, on a un très bon contact, on mange ensemble.
Puis vient le moment, assez tardif, de se coucher.
J'étais jeune et timide, et je ne voulais surtout pas profiter de la situation, même si elle me réjouissait et m'excitait.
La fille me demande un T-shirt pour dormir avec. Moment mémorable. Je portais, à l'époque, des T-shirts à la coupe très larges et taille XL. Lorsque je l'ai vue revenir de la salle de bain, "remplissant" ce T-Shirt qui sur elle était presque moulant, et vêtue en dessous seulement d'une petite culotte que je ne voyais pas car le T-Shirt lui arrivait à mi-cuisses, il a fallu je fasse un effort pour ne pas ressembler au loup de Tex Avery.
Nous nous sommes couchés, j'ai vite éteint la lumière, nous avons dormi, en évitant de nous toucher. Enfin, j'ai eu bien du mal à dormir, mais les distances de sécurité avaient été parfaitement respectées.
Quelques années plus tard, je passe plusieurs semaines dans le sud de la France pour y travailler. J'avais une journée et une soirée libre, et je l'appelle pour lui proposer de passer la voir. À son tour, elle me propose de m'héberger. Je découvre que sa vie avait changé, elle n'était plus célibataire.
Nous passons une très agréable soirée. Nous nous remémorons notre rencontre à Paris. Et là, elle éclate de rire et me dit : "Non, mais tu te souviens de ce que tu m'as fait vivre ? C'est pas si souvent qu'on a l'occasion de se retrouver avec un mec bien physiquement, intelligent, sensible, avec qui on accroche. Et là, à dormir dans le même lit sans rien faire ? Avec les produits qu'on prend (elle parlait de façon très intéressante et très libre du dopage), on a parfois une libido un peu exacerbée. J'avais envie de t'embrasser, de te manger, de te sauter dessus, j'aurais presque pu te violer... mais comme je te voyais tout coincé j'ai pas osé, je me suis forcé à penser à n'importe quoi, tout ce qu'il y a de moins sexy, je me suis dit qu'il fallait que je m'endorme le plus vite possible pour que ça passe. J'ai vraiment failli ne pas réussir à me retenir, deux ou trois fois ma main à commencé à avancer et puis je me suis retenue. Je m'en souviendrai toute ma vie, de cette soirée, une des pires frustrations sexuelles que j'ai connues".
Ce n'était pas la première fois de ma vie que je pouvais m'en vouloir d'avoir été trop timide, mais c'est sans doute la seule fois où j'ai su de façon directe l'ampleur des regrets que je pouvais avoir !
Merde. Et le pire, donc, deux ou trois ans après, quand elle me racontait ça dans le sud de la France, elle n'était plus célibataire (et vivait un toute autre type d'aventure).
La conclusion de l'histoire n'est pas très glorieuse.
Cette même fille a commencé à faire des sessions un ou deux ans après. J'ai beaucoup hésité. Mais j'en avais trop envie. Alors, je l'ai contactée, et on a pris rendez-vous. C'était à Montrouge. Elle a commencé par me dire que cela lui faisait très bizarre de faire une session avec quelqu'un qu'elle avait connu "dans la vraie vie" (d'autant que son implication et sa réflexion sur mon projet avaient été réelles et qu'on avait, par ailleurs, co-écrit un petit texte), même si on ne s'était vus que deux fois . Mais que c'était faisable. On a donc fait une session, très sensuelle, mais avec un peu de gêne, sans rien transgresser, comme s'il ne fallait pas que ça déborde.
Il y a eu une autre session, au même endroit, et au déroulement identique.
Et je ne l'ai plus jamais revue.