Woooh. Thea, c'est un très long feuilleton pour moi. Elle a aussi longtemps hanté mes nuits (et parfois les hante encore, surtout en ce moment) sur le thème : et si j'avais fait un autre choix, quelle vie aurais-je vécu ?
Bon, d'abord, je suis souvent intervenu dans le forum principal, en anglais, et notamment sur le thème "best session girls ever", et ma réponse est invariablement : ex-aequo Thea Bennington et Arekah Lox. Et loin derrière, toutes les autres (y compris Bunny, Thresa Brostik, Amber de Luca Anna M Strong, Xena etc etc). C'est que dans le cadre strict des sessions, Thea, pas la première fois que je l'ai rencontrée mais lors des suivantes, et Arekah - uniquement la première rencontre, à l'inverse... mais quel choc ! ont été, à mes yeux, incomparables.
La première rencontre avec Thea, c'était ma toute première session. J'avais 21 ans, on était au tout début des années 90. Rien ne passait encorepar internet ! J'allais dans la librairie anglaise de la rue Cambon, à Paris, il y avait une grande quantité de magazines de bodybuilding, et dans plusieurs d'entre eux, les premières petites annonces concernant les "private sessions", avec en particulier les premières agences, et notamment celles de Robin Parker. J'avoue que c'est tellement lointain que j'ai du mal à me souvenir des détails d'organisation : comment me faisait-on parvenir les infos sur l'hôtel ? comment avais-je l'info sur le n° de chambre (peut-être qu'il fallait le demander à la réception, je ne me souviens pas) ? Mais bon, pour ceux qui n'ont pas connu cette époque sans internet et sans portables, je vous assure que les sessions avaient bien lieu ! Parmi les Américaines qu me faisaient rêver, Thea était très haut. Or, ce devaient être les premiers "tours", je découvre qu'elle faisait des sessions à Düsseldorf, en Allemagne. Ça m'avait paru faisable. J'avais une copine, mais on avait chacun un appartement, prendre un train à l'aube, faire ma session en milieu de journée, et rentrer le soir n'était pas infaisable. Voilà donc comment je suis parti à Düsseldorf pour rencontrer Thea. Je me souviens que pour l'organisation, j'étais en contact avec Robin Parker qui m'avait demandé un "dress code" et naïvement, j'avais répondu "swim suit", ne sachant pas "à quoi j'avais droit". C'est donc (obéissante !) dans un banal maillot de bain une pièce marron que Thea m'a ouvert la porte. J'étais soufflé. Pour ceux qui ne la connaissent pas, on trouve des vidéos d'elle assez facilement, mais elle ne rendent pas justice à son incroyable et statuesque beauté. Elle était censée faire 5'11", c'est à dire 1,80m et le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne sur-évaluait pas sa taille puisque pieds nus, elle était vraiment aussi grande que moi (qui mesure 1,83m), je l'ai souvent vérifié par la suite. Moi, timide comme tout, la bouche ouverte devant cette amazone qui était plus âgée que moi (mais était encore très jeune, à ce moment) et tout en étant d'une féminité ébouriffante faisait plus de vingt kilos de plus que moi (environ 92 kgs, à ce moment, je crois).
Je n'insiste pas sur cette première session. Je ne savais pas ce que je pouvais lui demander, de peur de me mettre en caleçon et que ça ne se fasse pas, j'avais apporté un short de sport et un Tshirt, ce qui avait contribué, je pense à ce qu'elle ne soit pas très entreprenante. Très belle première session, et seule ma timidité était en cause si ça n'avait pas été mieux.
Comme vous l'aurez compris, j'ai été mordu très jeune par cette passion. J'avais déjà vu beaucoup de bodybuideuses. Deux ans plus tôt, j'avais passé deux mois à voyager aux Etats-Unis avec mon sac à dos, et j'avais fait une halte de dix jours à Venice Beach durant laquelle je passais mes journées devant le Gold's gym, à arrêter les filles, parler avec elles, leur demander si je pouvais me faire prendre en photo avec elles etc. Mais je crois que les sessions n'existaient pas encore ; en tout cas, je n'en avais pas connaissance... et puis je n'aurais pas du tout eu les moyens de le faire, à ce moment.
J'ai revu Thea à New York un ou deux ans après. J'étais allé passer une semaine exprès à NYC pour le premier événément organisé par Laurie Fierstein. J'avais fait le choix d'une session avec Karla Nelson (autre fantasme de l'époque) qui pour le coup m'avait plutôt déçu. Mais, j'avais plusieurs fois discuté avec Thea qui était accompagné de son mec. Et - détail important - j'avais vu qu'elle faisait partie des rares bodybuildeuses de l'époque à ne pas s'afficher avec un bodybuilder, si elles étaient en couple, mais avec un type très mince.
Quand, grâce à Florence Ghibellini, Thea et les premières Américaines sont enfin venues à Paris, je me suis précipité. C'est là que ça a été génial, inoubliable et les mots me manquent avec Thea.
La première session à Paris a été tellement torride (une session de 30 mn qui avait duré 1h15) que j'ai voulu y retourner le lendemain. Elle n'a gardé qu'une partie de l'argent de la deuxième session et m'a rendu le reste, en m'expliquant que c'était comme si je faisais une session d'une heure, et elle ne prenait que le tarif de l'heure. Cette deuxième session a duré bien plus longtemps. C'est là que ma vie aurait (peut-être) pu basculer. Elle m'a proposé de la rejoindre à Londres deux jours plus tard, ce que j'ai fait. On a eu une relation sur laquelle je ne vais pas m'étendre. Je crois que ça aurait pu devenir sérieux, elle m'a proposé de venir la voir dès que possible chez elle, aux États-Unis. Le bref passage à Londres était très étrange, comme un rêve, je l'ai vue entre ses sessions, et le soir, de la savoir avec plein d'autres mecs me rendait assez jaloux, et je me sentais incroyablement privilégié.
Je suis rentré à Paris. Et je vous jure que c'est vrai, je suis resté le lendemain totalement hébété, à ne pas savoir quoi faire. C'est là qu'on se rend compte qu'entre le fantasme et la vie réelle, il y a une certaine marge. Est-ce qu'il était possible pour moi de quitter ma copine (ça admettons, c'est un choix faisable), de plaquer mes projets (j'avais une vie pro dans mon domaine artistique qui était naissante, mais en plein développement), et d'aller rejoindre une femme avec qui j'avais un vrai feeling, et dont j'étais amoureux, c'est vrai, mais qui était aussi un fantasme, pas forcément simple à assumer et dont je n'étais pas sûr d'avoir envie qu'il prenne toute la place dans ma vie réelle.
Le trouble était tel que, quand j'ai pris ma décision, j'ai jeté la carte de visite avec ses coordonnées, et le papier sur lequel j'avais le reste de ses infos persos. J'ai jeté tout ça pour me débarrasser de la tentation de la rappeler ou d'aller la revoir.
Et l'autre fois où j'ai eu une vraie relation avec une sessionneuse, revue plusieurs fois dans les jours qui ont suivi la session... j'ai fini par disparaître sans aller au dernier rendez-vous fixé (je reprenais l'avion pour Paris le lendemain) et en jetant aussi le papier où j'avais noté son numéro et son adresse. On s'était d'abord vus dans le studio de Tempest (Enter the storm), puis à mon hôtel et à l'extérieur. Le dernier rendez-vous aurait pour la première fois été chez elle. Ayant jeté le papier, et n'ayant mémorisé ni le téléphone, ni l'adresse, j'étais incapable de la retrouver. Elle a arrêté les sessions peu de temps après et fait disparaître presque toutes les traces de ses vidéos et photos sur internet. J'ignore ce qu'elle est devenue. Je me demande ce qui se serait passé si je m'étais engagé dans cette liaison, plus facile à tenter qu'avec Thea : vivre à NYC aurait pu me tenter et j'étais célibataire à ce moment.
Je n'ai jamais su s'il y avait une forme de lâcheté, un manque d'audace, ou si, tout simplement, il fallait que le fantasme n'empiète pas trop dans la vie réelle. Quand on fait des sessions, vous le savez, c'est forcément un jardin secret, on se sent clivé. J'ai peut-être raté l'occasion d'être moins clivé et d'assumer cette passion.